mardi 31 mars 2009

Pensées sur la future maman/Thoughts about the future mother

J'ai beaucoup de pensées qui me traversent l'esprit en ce moment. Elles concernent, outre la naissance, le regard et les préjugés incroyables sur le statut de la femme dans notre société française.
Je regarde la date sur notre calendrier : le 1 avril 2009...Mais ceci n'est pas une farce! Et j'écris bien 2009!
Je pense que le mieux est de rapporter quelques anecdotes de ces derniers mois.
1. Au travail
Quelques remarques entendues :
a. La femme enceinte traverse tranquillement le réfectoire un midi. A la rondeur de son ventre, on imagine qu'elle est au 7ème mois de grossesse.
"Quoi, elle aussi, elle s'est mise à pondre. Elle est enceinte jusqu'au cou. "
Ma réponse : "Et ta mère aussi, elle t'a pondu".
b. Un collègue raconte la relation entre sa soeur et son beau-frère lorsque celle-ci était enceinte. Je ne leur ai pas encore annoncé ma grossesse.
Le cocktail hormonal de la femme enceinte peut induire une libido plus marquée ou au contraire l'inhiber pendant les mois de grossesse.
Son beau-frère dit à sa femme : "Elle a tout le temps envie de faire l'amour, mais honnêtement elle ne me fait pas du tout envie avec son corps".
Mes collègues : "Tu m'étonnes, je peux comprendre que sa femme ne fasse pas envie".
Rire générale, dont celui d'une personne dont la femme a accouché quelques mois auparavant.
Ma remarque : "Ah oui, alors racontes-nous également comment c'était avec ta femme il y a quelques mois?
C'est vrai qu'elle ne faisait pas envie?"
Ah là, c'est sûr, le sourire se dissipe des lèvres.
c. Grossesse de Rachida Dati
Rachida Dati n'est pas un modèle féministe. Je lui reproche ouvertement de ne pas avoir su imposer au moins la moîtié de son congé de maternité à ces grabataires masculins qui constituent notre gouvernement honteux.
Au cours d'un repas :
"C'est incroyable que Rachida Dati profite de son statut de ministre pour faire un enfant. C'est encore à la population française de lui payer des congés de maternité de ministre".
Est-ce qu'il y a un moment idéal pour une femme active pour tomber enceinte?
NON!
Je trouve la réaction de ce collègue stupide. Au lieu de s'attarder sur la perception de 16 semaines de congés maternité d'une ministre, pourquoi ne pas s'attarder sur les pensions de retraite de ministre ou encore sur l'augmentation de salaire de mon "cher petit Nicolas?".
d. Avant de terminer mon CDD :
"Ah bien, tu profites bien de la crise pour faire des enfants. Tu as raison, dans un an, tu pourras te remettre à chercher du travail. Nous, les hommes, n'avons pas cette possibilité".
Mais oui, il suffit de prendre une date sur le calendrier et la femme tombe enceinte.

2. Départ prévu pour un autre pays européen durant cet été :
a. Un collègue de mon mari (plusieurs ont eu la même réaction, niveau ingénieur pourtant...)
AH super! Tu pars là bas! Et ta femme va pouvoir s'occuper tranquillement des enfants durant ces 5 ans de détachement"
Mais bien sûr, très chers Messieurs cadres. La femme en 2009 suit sagement son mari à l'étranger pour s'occuper des enfants et profiter de la vie à l'étranger. Pourquoi faire des études, un diplôme d'ingénieur (mention B), une spécialisation d'un an en DEA (mention TB) et un doctorat (mention Très honorable) pour rester à la maison?
Ah, ta femme sait parler un anglais courant? 
Ah mais, elle a un cerveau?
Mais non, si je pense déjà à mon travail futur, je suis une mère indigne et une carriériste!
b. De la part d'un ami que j'ai connu pourtant en thèse :
"Non, mais dans ce pays, c'est difficile de trouver une crèche ou une nounou. Et puis, ma soeur est restée un an à s'occuper de son enfant et elle n'était pas malheureuse!".
Oui, je ne dis pas que les femmes qui s'occupent de leur bébé sont malheureuses, je crois objectivement qu'une femme comme moi ne serait pas heureuse à pouponner pendant un an!
Il y a un équilibre à avoir entre sa vie personnelle (enfants, "amis", mari), sa vie professionnelle et son cercle propre (loisirs, épanouissement personnel).
Je ne crois pas qu'un enfant puisse se sentir heureux si la mère ressent une frustration!

Donc, nous sommes en France en 2009 et voilà donc les préjugés incessants qui circulent...Et alors quand on se présente au pôle emploi avec gros bidou, c'est le summum".
Ah, ces chômeuses qui profitent du système français! 
Oui, Messieurs, mais qui continuent de payer des impôts pour ceux qui n'en payent pas et qui râlent le plus!;)



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